En 2021, les décès par euthanasie et suicide assisté au Canada ont représenté 3,3 % du nombre total de décès, soit un peu plus de 10 000 personnes ayant eu accès au Maid, Medical Assistance in Dying, la loi réglementant les procédures de suicide et d’euthanasie. Par rapport à 2020, l’augmentation est évidente et régulière.

Avec la nouvelle réglementation du mars 2023, les choses ne vont être encore plus compliquées. En fait, il s’agit d’une extension de la règle déjà existante, qui permettra également aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale d’avoir recours à ces pratiques. Cet amendement suscite de nombreuses inquiétudes et risque d’être mal appliqué, notamment parce que ce n’est pas la première fois que l’accès à l’euthanasie et au suicide assisté est étendu au Canada.

La mort n’est plus un hasard ?

Selon certains, le risque est que le nouvel amendement favorise la mort de personnes qui, bien que ne présentant pas certaines conditions médicales ou une maladie en phase terminale, se trouvent dans une situation de vulnérabilité particulière que des politiques sociales appropriées pourraient résoudre : par exemple, les personnes démunies.

Bref, un vrai hasard, comme celui qu’on applique en jouant dans un casino en ligne. Sauf que là, on parle de la vie humaine.

La législation canadienne fait référence à ce qu’on appelle l’assistance médicale à mourir (AMM). Cette expression recouvre à la fois l’euthanasie active, qui se produit lorsque le médecin intervient directement en administrant les médicaments nécessaires à la mort, et le suicide assisté, qui est la procédure par laquelle la personne malade prend elle-même les médicaments pour mourir.

Au Canada, l’aide médicale à mourir a été décriminalisée en 2016 après un arrêt de la Cour suprême qui a déclaré son interdiction inconstitutionnelle.

Les différences entre le Canada et les autres pays

Les pays du monde entier qui autorisent l’euthanasie et le suicide assisté ont établi différentes réglementations autour de ces pratiques, mais le Canada fait partie des exceptions.

Contrairement à la Belgique et aux Pays-Bas, par exemple, le Canada ne dispose pas de comités qui se réunissent chaque mois pour examiner les cas potentiellement troublants ou controversés. Il est donc conseillé aux médecins belges d’éviter de mentionner l’euthanasie à leurs patients, car cela pourrait être interprété à tort comme un conseil médical.

L’État australien de Victoria interdit de telles communications entre le médecin et le patient, alors qu’au Canada, il n’y a pas de telles restrictions. Au contraire, l’Association canadienne des professionnels de la santé qui fournit une assistance médicale à mourir a décidé de la présenter aux patients comme l’une des options de soins possibles.

Enfin, les patients canadiens ne sont pas tenus d’avoir épuisé toutes les alternatives de traitement avant de demander une assistance médicale à mourir, comme c’est le cas en Belgique et aux Pays-Bas.

Les grandes critiques à la loi canadienne

Présenter la mort comme une solution alternative désavantage les plus pauvres et décharge en fait la société de la situation même. Indirectement, le gouvernement pousse les pauvres souffrant de maladies chroniques à penser que la mort peut être la solution à leurs échecs personnels, minimisant ainsi l’incapacité de l’État à fournir des soins de santé adéquats, une protection sociale, un emploi, un logement et des conditions de vie décentes.

Il n’est pas surprenant que les dépenses sociales du Canada soient parmi les plus faibles de tous les pays industrialisés, que les soins ne soient accessibles qu’à une minorité et que les délais d’attente dans le secteur de la santé publique soient parfois insupportables.

De nombreux acteurs du secteur de la santé sont parvenus à la même conclusion. Les plaintes pour abus de la loi sur l’euthanasie sont monnaie courante.

Les sondages d’opinion indiquent que les Canadiens sont largement favorables à l’accès à au moins une forme d’assistance au suicide. L’euthanasie a d’abord été justifiée par les terribles souffrances d’une mort lente pour les malades en phase terminale qui passent leurs derniers jours à dériver dans une conscience droguée. Plusieurs médecins canadiens affirment que la mort assistée est un véritable baume dans ces cas. Mais le fait de pousser tout cela plus loin ne devient-il pas dangereux ?

La nouvelle loi se fait attendre

Suite à un concert d’inquiétudes émanant de plusieurs pans de la société, le gouvernement dirigé par Justin Trudeau a décidé de retarder d’un an l’entrée en vigueur de la Maid (ainsi repoussée au mars 2024) pour les patients souffrant uniquement d’une maladie mentale. La détermination de l’exécutif à avancer dans le gouffre de l’euthanasie est d’ailleurs confirmée par les propos du ministre de la Justice, David Lametti, qui, répondant à une question de Cbc Radio sur la possibilité que le gouvernement change d’avis entre-temps, a déclaré sans ambages : Non, nous ne reviendrons pas en arrière !

Les mots à la mode de l’exécutif sont toujours les mêmes que ceux que l’on entend répéter dans tout l’Occident – de la liberté de choix aux prétendues protections des patients vulnérables – mais il ne cesse de rédiger et de développer de simples protocoles pour donner la mort.

Il va falloir suivre les prochaines démarches pour savoir si la vie reste un hasard !